Le gouvernement investit 7 milliards d’euros pour la recherche et l’innovation
D’après une annonce d’Emmanuel Macron le 29 juin, un plan de 7 milliards d’euros appelé “Innovation Santé 2030” va être mis en place afin d’aider à la recherche et l’innovation dans le domaine de la santé qui, selon lui, aurait plus de vingt ans de retard. Celui-ci sera financé de moitié par l’État.
Investissements massifs, aides aux entreprises dans le domaine de la santé, simplification des procédures, objectifs de grande envergure… Voilà ce qui est prévu pour les neuf années à venir d’après Emmanuel Macron pendant le Conseil Stratégique des Industries de Santé (CSIS) ce mardi 29 juin 2021. Est notamment prévue une nette amélioration du secteur de la santé et peut-être un futur leadership européen dans ce domaine avant la prochaine décennie.
Après l’échec de la France dans la recherche d’un vaccin anti-COVID-19, le gouvernement s’est rendu compte des manquements dans le système de santé français. Il a ainsi “un système moins efficace qu’il ne devrait être [et ce principalement dû aux] manque d’investissement, trop de divisions, trop de lenteur et de corporatismes”, d’après le chef d’État. Même si la France a créé le vaccin Sanofi-GSK à l’aide de la multinationale anglaise, il ne sera pas disponible avant la fin de l’année, soit un an après ses concurrents Pfizer-BioNTech et Moderna. Le président annonce donc qu’au cours des cinq prochaines années, une enveloppe de sept milliards d’euros sera déployée pour améliorer ce système. Quatre à cinq milliards de fonds privés viendront compléter plus de quatre milliards de fonds publics.
Le plan vise à investir deux milliards d’euros dans trois secteurs clés :
Environ 800 millions d’euros seront reversés à la biothérapie et à la bio production de thérapies innovantes. Quatre objectifs sont ciblés : l’oncologie, les thérapies géniques et cellulaires, les nouveaux systèmes d’expression et les outils d’optimisation des systèmes de culture et procédés de bio production. Actuellement, la France dépend à 90% des importations, seules cinq des soixante-dix dernières biothérapies ont été inventées en France. Le président justifie cela comme « le fruit de sous-investissements ou désinvestissements ou d’erreurs passées. » Les bio médicaments représentent la moitié des essais cliniques en cours.
650 millions d’euros vont être investis dans la santé numérique afin de « favoriser l’émergence de solutions innovantes, appuyées sur des approches scientifiques pluridisciplinaires et des modèles médicaux économiques ambitieux, pour conquérir le marché de la santé numérique en pleine croissance au niveau mondial. » Pour cette dépense, l’État espère un effet de levier d’un milliard et demi d’euros de financement privés.
La recherche sur les maladies émergentes et infectieuses et menaces NRBC (Nucléaire, Radiologique, Biologique et Chimique) bénéficieront de 750 millions d’euros. Afin d’anticiper les crises comme celle de la COVID-19. Il est prévu que ce secteur adopte une stratégie “une seule santé”, expliquée récemment sur nos réseaux sociaux LinkedIn et Facebook. Pour rappel, cette expression signifie que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles existent. Ce qui met en avant le fait qu’il est important de faire un rapprochement des filières médicales et vétérinaires. C’est d’ailleurs parce qu’elle n’était pas assez utilisée en France qu’un vaccin a mis aussi de temps à sortir en France.
Le plan propose un soutien d’un milliard et demi d’euros pour l’industrialisation des produits de santé dans le territoire français. Une aide d’un milliard d’euros en prêt et subvention de la Banque Pour Investissement (Bpifrance) sera également distribuée aux start-up et PME du secteur de la santé. L’organisme d’État fournira un autre milliard d’euros pour l’investissement.
Le gouvernement souhaite par ailleurs permettre une équité d’accès aux soins pour les patients. Pour cela, il y aura un élargissement de l’accès aux médicaments et dispositifs médicaux coûteux à l’hôpital.
Quel est le but ?
Le président de la République a annoncé que la Recherche & Développement dans le domaine de la santé a diminué de 25% au cours de ces dix dernières années par rapport aux pays comparables. « Très clairement, on a des acteurs trop divisés et dispersés, ce qui rend le système beaucoup plus lent que ceux de nos voisins. »
Pour résoudre ce problème, la stratégie Innovation Santé 2030 indique la création de grands clusters de recherche pour rattraper les années de retard que nous avons à l’aide de 600 millions d’euros. L’un d’entre eux, centré sur le cancer, sera lié à l’Institut Gustave Roussy (IGR) en collaboration avec Polytechnique, Sanofi, l’Inserm et Saclay dans le Fort de la Redoute, d'anciens bâtiments du ministère de l'Intérieur, a précisé à l'AFP le directeur général de l'IGR, le professeur Jean-Charles Soria. D’autres infrastructures de recherches biomédicales, les cohortes et les bio banques seront développées.
Le gouvernement met en place ce plan pour remplir plusieurs objectifs. Il souhaiterait tout d’abord doubler le nombre d’emplois dans le secteur. Celui-ci veut que les chercheurs les plus prometteurs reviennent travailler en France. Pour ce faire, il propose alors à « quinze à vingt talents de bénéficier d’une subvention de trois à cinq millions d’euros chacun » pour les aider dans leurs recherches.
Emmanuel Macron souhaite également que la France produise au moins cinq nouveaux bio médicaments, puisqu’il n’y en a actuellement que très peu d’origine française. La crise a engendré de nombreux problèmes d’approvisionnement et notamment concernant les médicaments. Cela montre la dépendance de la France envers l’Asie en matière de principes actifs et le retard dans certaines technologies, comme celle de l’ARN messager. Il est donc prévu qu’à partir de 2023, nous puissions recommencer à fabriquer du paracétamol. Cela officialise le lancement d’une usine de production dans l’Isère à Roussillon. Celle-ci aura une capacité de dix mille tonnes par an.
Il souhaite aussi imiter les États-Unis pour simplifier et accélérer le système d’autorisation des essais cliniques. Cela en proposant un « accès aux produits innovants, beaucoup plus rapide au marché, la multiplication de "fast track" qui permettent d’autoriser plus rapidement le traitement quand son bénéfice humain est important. » La création d’une agence innovation en santé est envisagée. Elle permettra la synergie des acteurs autour d’une structure unique. La France aura donc une entité autonome et plus crédible, avec des moyens plus importants. « Cela donnera les moyens à la France de restaurer la compétitivité et l’attractivité » a ainsi souligné Frédéric Collet, le président de la fédération française du médicament Leem.
Ce plan est bien accueilli par les représentants des industries de santé, se faisant offrir ce qu’ils demandent de manière très régulière, soit de l’aide à l’innovation.
Un leadership européen en 2030 ?
L’Élysée souhaite avant tout faire de la France un leader européen dans le secteur avec un objectif de « souveraineté technologique et sanitaire » et ce, avant 2030. Le président l’a d’ailleurs rappelé sur Twitter “Faire de la France la Première Nation européenne en innovation en santé. Nous pouvons le faire. Nous allons investir 7 milliards d’euros dans ce domaine stratégique, donner la priorité à celles et ceux qui prennent des risques, mais aussi simplifier et décloisonner.” Pour cela, il compte notamment développer l’expertise française méthodologique et opérationnelle dans de nouveaux types d’essais cliniques.
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