Sida, une pandémie qui perdure
Qu’est ce que le Sida ?
Ce mercredi 1er décembre avait lieu la journée mondiale de lutte contre la maladie du Sida. Le Sida est un syndrome d’immunodéficience acquise, sa présence dans l’organisme affaibli le système immunitaire et le rend vulnérable à de nombreuses infections. Il est causé par un lentivirus qui se nomme le VIH, virus de l’immunodéficience humaine. La maladie a fait son apparition au début des années 1980 et depuis, elle a causé 36,3 millions de morts.
La maladie touche dans le monde 38 millions de personnes soit l’équivalent de la population du Canada. C’est une épidémie qui vit autour de nous et qui est loin d’avoir été éradiquée car environ 1,5 million de personnes découvrent leur séropositivité chaque année.
Depuis un certain temps les chercheurs ont trouvé des traitements pour les malades et la prévention est devenue un outil clé de la lutte. Toutefois l’épidémie n’est pas éradiquée, loin de là. Dans le monde entier beaucoup de personnes sont encore atteintes. En France en 2016, 173 000 personnes vivaient avec le VIH selon Santé publique France. Car en effet, être atteint du sida, c’est vivre avec tout au long de sa vie. Cette maladie ne se guérit pas en détruisant le lentivirus.
Toutefois on a pu observer certaines années une stabilité avec même une baisse du nombre de découvertes de séropositivité en 2017 avec 6155 nouveaux cas diagnostiqués.
La transmission du VIH
Il existe plusieurs modes de transmission du virus :
- Lors de rapports sexuels non protégés, en cas de pénétration anale ou vaginale et lors de fellation.
- Lors d’un contact important avec le sang d’une personne contaminée lors d’un partage de matériel d’injection ou en cas d’exposition à celui-ci (mode qui concerne principalement les usagers de drogue et le milieu médical).
- Pendant une grossesse, un accouchement ou allaitement une mère atteinte du Sida peut contaminer son enfant si elle n’est pas traitée. Sinon le risque est inférieur à 1%.
La transmission du VIH est assez particulière. Il est impossible d’être contaminé sans contact direct contrairement au Covid par exemple. C’est à dire qu’une personne atteinte ne va pas transmettre sa maladie en nageant dans la piscine municipale, en toussant, en buvant dans le même verre qu’un ami ou même en embrassant quelqu’un. La maladie ne contamine personne s’il n’y a pas eu un des trois modes cités précédemment. C’est aussi un avantage car c’est ce qui permet de réduire la quantité de modes de transmission. C’est pourquoi il est important de les connaître et de prendre des précautions.
Le point rassurant, c’est qu’une personne séropositive n’a pas besoin de s'empêcher de vivre, de s’isoler et de réduire ses activités du quotidien car aujourd’hui il existe un traitement et les personnes peuvent vivre “normalement”. Toutefois, ce point n’est pas exact de partout. Beaucoup de personnes vivant avec le VIH ne peuvent pas se permettre de continuer de vivre normalement car elles ne peuvent pas être traitées ou se retrouvent complètement isolées socialement.
Quelle population est touchée ?
Le VIH se transmet d’un individu à un autre, ainsi, tout le monde peut être touché par le virus. D’après Santé Publique France, les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes sont un groupe particulièrement touché, ils représentent 43% des découvertes entre janvier 2019 et septembre 2020.
Une autre population fait l’objet d’une attention particulière. Ce sont les travailleuses et travailleurs du sexe, les usager de drogues injectables et les personnes incarcérées.
Enfin, les jeunes de moins de 25 ans représentent eux aussi une part importante de 13% des découvertes sur les mêmes périodes. Un pourcentage qui peut s’expliquer par le manque d’information et de prévention sur le sujet. C’est un des chiffres les plus importants car il souligne un manque d’information très dangereux car les jeunes représentent la population de demain, il faut qu’ils prennent connaissance des nombreux risques le plus tôt possible.
L’importance du dépistage
Depuis un certain temps, l’espérance de vie des personnes atteintes du Sida est presque semblable à celle d’une personne sans problèmes médicaux. Toutefois, si la séropositivité est découverte tardivement, la prise en charge à un stade avancé peut compliquer le parcours thérapeutique et menace fortement la santé du patient. La prise en charge rapide est très efficace et permet ainsi de sauver de nombreuses vies.
Une personne séropositive traitée correctement obtient une charge virale dite “indétectable”, cela signifie qu’elle est extrêmement faible dans le sang et que l’individu ne transmet plus le virus. Le traitement est évidemment perçu comme une avancée médicale révolutionnaire tant elle est efficace et permet aux malades de continuer de vivre “normalement”.
La Covid et ses conséquences
La pandémie de Covid-19 a provoqué une très grosse chute du dépistage. En France, entre mars 2020 et avril 2021 on comptait 650 000 tests réalisés en moins par rapport à l’année précédente. Le problème de cette baisse c’est qu’elle provoque aussi une baisse de la mise sous traitement médicale qui, elle, a chuté de 20% en seulement 12 mois. Ces chiffres sont importants et illustrent parfaitement la situation actuelle.
La Covid a en effet pris une place très importante dans notre quotidien depuis 2020. Les hôpitaux étaient surchargés et ensuite sont apparus les centres de vaccination qui ont pris toute la place sur l’ensemble des évènements préventifs habituels comme le dépistage du sida, le don du sang et bien d’autres.
Les confinements ont aussi provoqué une inquiétude globale pour la population, et beaucoup d’individus ont préféré rester chez eux et faire attention plutôt que d’aller chez le médecin par peur de déranger pour des problèmes de santé peu importants. Mais les conséquences sont bel et bien présentes, en France aujourd’hui, on estime qu’environ 24 000 individus n’ont pas connaissance de leur séropositivité. Une situation inquiétante qui pourrait montrer des signes d’une forte hausse dans les prochains mois et prochaines années.
De plus, la recherche pour la lutte contre le covid a pris beaucoup de place ces deux dernières années et en a laissé très peu aux autres recherches. Aujourd’hui, la technologie de l’ARN messager, utilisée pour les vaccins du Covid-19, pourrait être porteuse d’espoir dans la lutte contre le Sida.
Un traitement efficace mais particulier
On ne guérit pas du Sida. Pour comprendre pourquoi il faut comprendre le chemin que parcourt le VIH dans l’organisme humain.
Le virus infecte principalement les cellules du système immunitaire en y intégrant son matériel génétique. Le rôle de ces cellules est primordial, elles sont constamment en action. Or la présence du virus les affecte et les rend inactives, facilitant la production de virus.
Le traitement vient alors éviter la production de virus. Il bloque la multiplication du VIH dans le corps. C’est un traitement qui doit être pris à vie car il lutte constamment contre l’évolution du sida sans pouvoir pour autant éliminer les cellules infectées.
C’est pourquoi le traitement ne peut éradiquer le virus, il peut agir sur le futur mais ne répare pas le passé. Il va permettre à un individu de vivre dans des conditions normales en empêchant l’évolution du virus mais ne peut pas réparer les dégâts qui ont été causés avant le début du traitement. Ainsi, plus la prise en charge est réalisée tardivement, plus les risques sont élevés car le virus a déjà pu se multiplier dans l’organisme.
Ce qu’il est important de souligner c’est qu’aujourd’hui un séropositif bien traité à environ la même espérance de vie qu’un séronégatif. En France, la majorité des personnes vivant avec le VIH ne développeront pas le Sida, stade le plus élevé de l’infection.
Une prévention nécessaire
Plus de 40 ans après la découverte de la maladie, les discriminations envers les personnes vivant avec le VIH existent encore. Pourtant celles-ci ne peuvent pas transmettre la maladie lorsqu’elles sont traitées.
Le centre régional d’information et de prévention du sida a sorti des chiffres très révélateurs. 63% des personnes interrogées considèrent que la séropositivité est un critère important dans le lancement d’une relation sentimentale, pour la plupart c’est la peur de la contamination qui crée le malaise. Autre chiffre, 27% de ces mêmes personnes seraient mal à l’aise si l’enseignant de leur enfant avait le VIH. Ces chiffres sont seulement des avis, mais lorsqu’un dentiste ou gynécologue refuse de pratiquer les soins sur un patient séropositif, le problème devient autre.
Des réactions qu’il est difficile à comprendre quand on sait que les individus traités ne peuvent en aucun cas contaminer les autres sans les 3 modes de transmission expliqués précédemment dans l’article.
Il faut le dire, lorsque le VIH est apparu, la communication était bien plus importante qu’elle ne l’est aujourd’hui. Le VIH a fait peur à la population et c’est une chose. Le problème c’est qu’aujourd’hui les gens ne sont pas assez informés sur le sujet et donc ne prennent pas conscience du caractère individuel de la maladie. Autant dire que l’effet Covid actuel, accentue fortement la peur des autres.
Des campagnes de dépistages étaient régulièrement mises en place dans les lycées et universités pour être le plus préventif possible. Le problème c’est que le covid a rendu impossible ces regroupements depuis bientôt deux ans. Aujourd’hui il est important de relancer les campagnes de dépistage et de continuer d’informer la population, notamment les jeunes pour éviter les risques de contamination.
Les acteurs de la lutte dans le monde
Pour faire face à une telle pandémie, l'ONU s’était fixé des objectifs pour 2020 pour y mettre fin. L’objectif de détection du Sida était de moins de 500 000 cas tandis que les résultats concrets étaient de 1,5 million de personnes.
Une lutte efficace nécessite des acteurs puissants. C’est pourquoi il existe beaucoup d’organisations qui luttent contre le Sida en France et dans le monde. Ces associations assurent les actions de prévention, de dépistage et d’accompagnement social.
La campagne Sidaction est un événement qui vise principalement à informer la population pendant 3 jours. Cette année, cet évènement a permis de collecter 4 479 159 euros de promesses de dons. C’est un énorme succès pour la lutte et les recherches surtout après l’annulation de l’année 2020. L'événement peut compter sur des ambassadeurs influents comme Jean-Paul Gaultier qui avait à cette occasion mis en vente une paire de chaussettes pour reverser les bénéfices à l’association Sidaction.
Globalement, depuis 40 ans l’évolution du virus a pris un chemin bien différent. Bien que certains pays aient pu assister à de grands progrès, certains pays, moins développés, continuent de subir fortement la pandémie.
Ensemble contre le sida.
- Se connecter ou s'inscrire pour publier un commentaire